• L'effet qu'il me fait

    Je me suis appuyé sur le rebord de l’évier ; que j’ai agrippé fermement. Les  jointures de mes mains sont devenues blanches. J’ai soupiré profondément et j’ai ouvert les yeux.

    J’ai eu un sourire un peu faible et j’ai voulu dire à mon reflet qu’il avait l’air pâle. De nouveau, j’ai pris une longue inspiration. Ma cage thoracique s’est gonflée péniblement, comme si j’y avais posé quelque chose de lourd.

    Je savais pas par quoi commencer. J’ai mal à la tête. Le passé. Son image qui tourne sous mon crâne.

    Un frisson m’a parcouru et j’ai gueulé, sans me regarder que j’avais eu peur, bordel, j’avais eu peur !

    C’était tellement fort. Ça voulait dire mettre à la porte l’histoire dont j’avais toujours rêvée. C’était si vrai. Oh mon Dieu, je voulais pas m’embarquer dans tout ça. Je pensais pouvoir fuir, je pensais que c’était pas ça que je cherchais.

    Je croyais que c’était impossible et j’en avais marre de jouer Juliette et de finir par boire le poison ; à chaque fois ça a fini comme ça. Je voulais vivre.

    Mes épaules sont un peu secouées, par saccades. On dirait des sanglots, mais pas encore. Je frissonne, c’est l’effet qu’il me fait : frissonner.

    Etre en vie. C’est l’effet qu’il me fait.

    Je voulais pas que tu souffres, je voulais pas souffrir ; je voulais vivre et je voulais que tu vives.  Je me suis réfugiée dans ma tête, là où rien ne pourrait m’arriver ; là où vivent les contes de fées, là où je suis à l’abri de tout.

    J’avais trouvé l’histoire que je cherchais. J’avais trouvé celui avec qui ça devait marcher.

    J’avais construit une belle tour d’ivoire, bordel et tu m’as ramenée parmi les vivants ; j’ai pu résister tout ce que je voulais, tu m’as ramenée. Un frisson. J’ai senti en moi s’agiter cette puissance féline que j’avais bourrée de morphine quand je l’ai quitté il y a quelques années.

    Et tu l’as éveillée.

    J’ai senti un souffle et sa puissance m’a paralysée. Tu t’es imprimé sur mon corps. J’ai résisté. Mais j’avais en moi une bombe à retardement.

    Je me suis noyée dans mon histoire ; et j’ai plané aussi. J’ai mis deux mois avant de me décider à la vivre.

    Tout a volé en éclaté quand j’ai compris que tu étais la vérité.


     Maéli

    « De retourArrêter les mensonges »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :