• Un verre sur la terrasse

    On a pris un verre, hier, sur la terrasse. Le vent a soufflé dans mes cheveux, j'ai ri, elles ont fumé, on a parlé beaucoup parlé, de rien, de tout ; peut-être pas de ce qui importait le plus.

    On s'est assises sans regarder les chaises encore mouillées, on a commandé nos verres, la nuit allait tomber.

    Apparemment, c'est ça résister.

    Des jours que les journaux hurlent dans tous les sens, que les experts disent tout et son contraire, je me sens un peu tirée de partout ; je suis gênée de la direction que ça prend mais j'ai rien à proposer.

    Chacun a son mot, on a tous pris une balle quelque part, ce jour-là ; on est pas les plus meurtris, ça ira mais on est pas seuls.

    Le vent a soufflé si fort que je n'ai plus rien vu pendant un instant, j'ai remis ma touffe en place, les ai regardées, une à une ; j'ai de la chance, je l'ai toujours su.

    Le point d'interrogation, au milieu de la table, c'est où ça nous mènera ?

    On s'anime, on reprend vie et je me demande pourquoi c'est ça qui nous a réveillés, pourquoi on a pas décidé de vivre avant ; pourquoi maintenant, oui maintenant tout doit être si différent ?

    Et j'ai envie de me lever et leur dire que c'est ça la magie de tout ça, qu'on peut encore changer les choses, que le futur, c'est nous qui allons le tracer ; pas seuls, ok, sans variables fixes, ok, mais l'intention fait beaucoup aussi. Mais je m'abstiens, parce qu'elles riront.

    Les gens ne croient plus beaucoup en ce moment.

    Ni en eux-même, ni en Dieu ni en plus rien ; les gens semblent un peu vides. On sait tous que c'est pas fini, et ça plane comme une ombre, au-dessus de ceux qui se demandent si on va être les cadavres de demain, ceux qui se disent je ferais mieux de rentrer chez moi et ceux qui crient plus fort qu'ils sont en vie car ils ont des frères sont morts.

    Je sais pas si c'est une solution, je sais pas. 

    Je suis un peu comme ça, dans le vide, on rie un peu, mais au fond on est un peu sérieuses, on a pensé à notre futur à nos enfants à nos parents à la peur au quotidien ; je crois qu'on a tous pensé qu'on veut pas de ça.

    Je sais pas à quoi ils se raccrochent si elles ont même pas foi en demain. Je les écoute je les écoute parce que j'ai beaucoup à dire mais qu'au fond, au fond nos mots importent peu mais c'est ce qui résonne à l'intérieur d'eux qui fera la différence.

    On a tous entendu la haine, les cris contre les amalgames, on en a vu de toutes les couleurs, vraiment ; on a vu division et union, on a vu qu'il allait falloir choisir un bord. Il va falloir choisir d'être humain.

    Pour une fois, rien qu'une fois, peut-être que tout ça n'est pas politique que tout n'est qu'une vaste illusion ; mais qu'ils gueulent trop fort ceux qui n'ont que leur rage et leur peur à revendre.

    J'ai pas peur. 

    Elles semblent déterminées, on se lève, on a déjà payé ; déterminées à reprendre le cours de notre vie ? Voilà où tout ça nous mène.

    Je chavire un peu, reprends mes affaires, reprends contenance, moi je les aime, les gens, moi j'aimerais bien que tout soit différent ; j'aimerais bien faire la différence. Je soupire. Les gens ne croient plus trop en ce moment.

    Il y a des regards qui s'éteignent, des voix qui s'élèvent, il y a des murs prêts à être montés ; je veux changer cette destinée.

    Peut-être que je suis fragile, comme les feuilles dans le vent, peut-être. Mais j'aimerais bien que les gens s'aiment autant que je les aime.

    Personne ne comprend rien à ce qui se passe, on peut pas concevoir qu'ils agissent comme ça. Moi non plus. Mais elles ne me croient pas quand je leur dis que les haïr, c'est entrer dans leur jeu. Ils sont si faibles et on est si vulnérables que ça nous atteint.

    C'est dans la difficulté qu'on voit vraiment les gens ?

    Je sais pas. C'est un peu la mer, en moi. Y a beaucoup de pensées qui se battent en duel, beaucoup de choses qui résonnent dans l'espace réduit de mon crâne, j'aimerais vraiment faire quelque chose ; notre monde manque d'amour.

    C'est si petit l'amour et si vaillant. Si petit et si grand. 

    Le voilà déposé à vos pieds.

    On se lève, le sujet change, le vent tourne, il fait frais, maintenant. On va manger de la classe, rire, parler, beaucoup parlé, de tout et de rien ; on va se rappeler ce qui nous unit, se rappeler qu'on est pas seul, que ce soit sous le soleil ou parmi la tempête. On va s'aimer, encore une fois qui ne sera pas la dernière.

    J e  v o u s  a i m e

     

    Maéli, qui n'arrête pas de penser 

    "Quand le pouvoir de l'amour surmontera l'amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix", Jimi Hendrix 

     

    PS : Amnésie demain ou samedi

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 19 Novembre 2015 à 18:54

    Même si je ne partage pas tout ce qu'il y a dans ce texte, je le trouve très bien écrit, il décrit la torpeur ambiante et met en avant certaines pensées refoulées.

      • Vendredi 20 Novembre 2015 à 18:00

        Quand y a des idées personne n'est d'accord, de toute façon XD

        Merci bien ! :)

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